Le monde de l’handicap à travers les yeux de Vincent Julé

Lors de notre rencontre avec Vincent Julé, président de l’association « Bien vivre son handicap », nous avons eu l’occasion de l’interviewer sur son parcours. 

Devenu malvoyant suite à une maladie génétique, il a su faire de son handicap une force qu’il utilise tous les jours pour venir en aide aux personnes atteintes d’un handicap. 

Un geste de solidarité et une belle leçon de vie !

 

Présentez-vous s’il vous plaît

 

Je suis Vincent Julé, j’ai 45 ans. Je suis marié, papa d’une petite fille, Pauline, qui a 10 ans. Je suis malvoyant, j’ai perdu la vue il y a une quinzaine d’années, début 2007, à la suite d’une maladie génétique. Après 15 années de direction commerciale, je suis depuis maintenant, près de 3 ans, un acteur très engagé sur la cause du handicap.

D’un point de vue local tout d’abord, je suis président d’une association qui s’appelle “Bien vivre son handicap” sur ma ville à Courbevoie et qui a pour vocation de créer du lien et de donner localement de la visibilité au handicap.

On organise des événements inclusifs qui peuvent être par exemple des cafés dans l’après-midi, des soirées de différentes sortes ou encore des participations aux événements de la ville.

On intervient lors de sensibilisations dans les écoles ou auprès de commerçants . Enfin, on est présent par de l’accompagnement administratif ou vie quotidienne de personnes en situation de handicap.

L’idée est de travailler autour du vivre-ensemble.

Aujourd’hui je crois qu’on peut être fier de dire que l’association regroupe quasiment autant de personnes en situation de handicap ou non. L’idée est de partager un moment simple et sympathique en compagnie de personne ayant la même envie et le même objectif de dépasser la différence. Je crois que c’est vraiment ça, le modèle qu’on a envie de porter.

 

 

Comment a commencé votre parcours dans les associations ?

Il est important de commencer par l’association locale “Bien vivre son Handicap”, parce qu’en fait, c’est par-là que tout a commencé. Comme je l’exprimais tout à l’heure, je suis en situation de handicap depuis 15 ans, mais ma vie jusqu’à présent n’était pas celle d’une personne handicapée. C’était la vie d’un cadre parisien, qui gérait sa vie personnelle et professionnelle, très dense, de la meilleure des manières possibles.

C’est à la période du COVID que tout a démarré et où j’ai créé un groupe Facebook, avec l’aide de ma femme qui est spécialiste en marketing digital. Elle m’a aidé à comprendre et à connaître les réseaux sociaux ainsi que leurs mécanismes qui permettent d’aller chercher des gens qui sont habituellement à la maison, derrière l’ordinateur et qui sont en situation de handicap,

On s’aperçoit aussi qu’elles sont peut-être souvent en situation de “confinement” en étant bloquées à la maison avec des difficultés de mobilité.

L’idée était donc de créer un groupe avec le principe du vivre ensemble. Me concernant, je suis intervenu en animant pendant de nombreuses semaines notre communauté sur les réseaux.

Au bout d’un moment, on a eu envie de se rencontrer et je crois que c’était un petit pas dans ce que je fais aujourd’hui.

RS Vincent Julé

 

 

Justement, pouvez-vous nous parler de votre rôle dans les associations APHPP et Bien vivre son handicap ?

 

Grâce à la visibilité que les réseaux sociaux m’ont donné, je suis devenu vice-président chez APHPP (Association Nationale pour la Prise en compte du Handicap dans les Politiques Publiques et Privées) avec qui on agit au quotidien, en regroupant différents acteurs économiques, associatifs et politiques pour une meilleure prise en compte du handicap dans nos politiques publiques et privées.

L’idée véritable, c’est de faire parler du handicap pour qu’il ne soit pas oublié.

C’est pour ça qu’il est important de regrouper ces différents acteurs politiques et ces acteurs associatifs et économiques afin de pouvoir faire remonter leurs problématiques auprès de ministres ou parlementaires et faire en sorte que ce sujet soit traité au niveau de l’État ainsi que des différentes collectivités territoriales.

Association Vincent Julé

 

 

Pour vous, par où les entreprises devraient-elles commencer pour inclure dans leurs équipes des personnes porteuses de handicaps ?

 

C’est une très bonne question parce que j’étais encore en train d’échanger là-dessus récemment ! Alors déjà, aujourd’hui, je pense que les sensibilisations devraient être obligatoires. De la même manière que dans les entreprises, les formations sur l’hygiène et la sécurité sont obligatoires.

Je pense que tout nouvel entrant devrait systématiquement passer par ces formations. On a 80% de personnes en situation de handicap invisibles.

Généralement, on pense le handicap comme étant le fauteuil roulant, comme étant la canne blanche, mais on oublie souvent toute la partie maladie chronique qui est pourtant aujourd’hui très présente dans les entreprises.

La moyenne d’âge de déclenchement du handicap dans une vie est de 52 ans. Ca veut dire qu’en fait, les personnes qui seront en situation de handicap dans les entreprises, sont déjà, actuellement à l’intérieur de la structure et donc il y a forcément cette importance de le prendre en compte le plus tôt possible. C’est pour ça que je parlais de sensibilisation.

La 2e partie, c’est qu’aujourd’hui vous avez une obligation d’emploi de 6% de collaborateurs en situation de handicap pour toute structure de plus de 20 collaborateurs.

La problématique est au niveau du recrutement, qui n’est pas toujours facile, je le sais. Mais au-delà de cette problématique d’embauche, il y a la question de comment on fait pour faire en sorte que la personne en situation de handicap se sente bien dans l’entreprise et pour qu’elle soit acceptée par ses collègues et par le management : c’est là où je crois qu’on a un véritable travail !

 

 

Comment vous est venue cette envie d’accompagner les entreprises dans leur politique handicap ?

 

Il y a vraiment dans ce choix de vie de partager ce que moi j’ai appris. J’ai un engagement associatif localement et nationalement donc, la question de l’emploi est une problématique très importante.

De par mon expérience, j’ai appris à fonctionner autrement en perdant la vue, j’étais autrefois manager et je sais comment ça se passe.

Dans mes débuts, je faisais à la place des autres dans l’incapacité de m’adapter aux personnes qui sont autour, et je crois que quelque part en perdant la vision, j’ai gagné en compétence managériale.

Aujourd’hui, j’ai une double compétence, si vous voulez, j’ai une compétence à la fois associative & handicap mais aussi une  compréhensions du monde de l’entreprise.

Vincent Julé

 

 

Est-ce que vous auriez des conseils à donner à une personne handicapée qui a des craintes concernant son entrée dans le monde du travail ou son retour dans le monde du travail ?

 

Premièrement, en situation de handicap, on a des forces. Prendre ou reprendre un travail, c’est quelque part, qu’on a fait ce chemin de se dire qu’on a envie d’aller avec les autres.

Avoir conscience de ses forces en parallèle, c’est aussi avoir conscience de ses faiblesses. C’est de se dire “OK, ça, je peux faire et ça, je ne peux pas”. Je crois qu’en situation de handicap, si on prend conscience de ses faiblesses aussi, on a obligatoirement une valeur ajoutée beaucoup plus importante.

Le handicap va faire peur à beaucoup de managers opérationnels, ça ne sert à rien de le cacher.

N’oubliez pas de là où vous venez !

 

 

La dernière question concerne ce qui se passe dans notre société actuellement. Qu’espérez-vous pour le futur de l’inclusion dans notre société ?

 

Je vais commencer par du positif. On a rarement autant parlé de handicap que depuis ces dernières années, je crois que c’est véritablement déjà ça, le gros point positif que j’ai envie de mettre en avant. Il y a beaucoup plus d’événements, mais j’ai l’impression qu’effectivement il y a de plus en plus de choses qui sont organisées dans le domaine du handicap.

Je pense que les choses sont quand même en train de bouger et que les entreprises sont en train de véritablement se poser des questions.

La jeunesse aussi a un vrai rôle à jouer !

La jeunesse d’une part en situation de handicap, parce que je crois que c’est important de dire aux jeunes, que c’est eux, l’avenir. Même en situation de handicap, leurs dire qu’ils ont quelque chose à faire et que c’est à eux d’aller prendre leur destin en main, Oui, c’est quelque chose auquel je crois.

Si on veut pouvoir faire avancer les choses beaucoup plus rapidement, il faut s’y prendre le plus tôt possible et ça, c’est à nous de le faire aussi !

les jeunes et le handicap

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