Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Clément Carreau, porte-parole de la start-up Phenix !
Phenix lutte contre le gaspillage par plusieurs moyens et développe des solutions de distributions de produits alimentaires ou non alimentaires.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui font appel à Phenix, des associations dans un besoin urgent ou encore des particuliers à travers l’application mobile ! Une entreprise bien implantée dans son secteur d’activité et avec un avenir prometteur !
Pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?
Je suis Clément Carreau, responsable des affaires publiques chez Phenix, je suis donc responsable des prises de parole de Phenix en extérieur. J’agis auprès des milieux universitaires, des collectivités, des communes, des députés ou encore des ministres, mais aussi lors de reportages, de conférences, d’interviews télévisées ou en radio afin d’intervenir sur des sujets de fond, notamment des sujets réglementaires.
Présentez-nous Phenix ?
Phenix, est une entreprise française créée en 2014 avec pour objectif de lutter contre le gaspillage alimentaire.
On aime à dire qu’on connecte ceux qui ont trop et ceux qui n’ont pas assez. Ceux qui ont trop, ce sont les professionnels de l’agroalimentaire : distributeurs, grossistes, producteurs, restauration collective, etc… Ceux qui n’ont pas assez, ce sont essentiellement les associations d’aide alimentaire qui sont nos principaux partenaires, par exemple : les Restos du Cœur, les banques alimentaires, les associations d’épicerie solidaire etc.
Phenix aide plus de 3000 associations, celles-ci passent par nous afin d’obtenir des dons.
Notre modèle économique est le suivant : aider les magasins, distributeurs de différentes sortes, industriels ou grossistes à faire des économies. Car les déchets sont pour eux un coût et en passant par Phenix, ceux-ci vont être réduits et cela permet également aux associations de récupérer plus de produits.
Nous vendons à l’heure actuelle 5 solutions pour lutter contre le gaspillage. La dernière en date est l’application Phenix, à télécharger gratuitement sur votre smartphone. C’est de cette manière que nous avons fait entrer le consommateur dans la boucle en proposant un accompagnement au niveau de la vente des produits à dates courtes à des prix réduits.
Nous avons également développé pour les magasins, des outils de détection de produits périmés en rayons et dernièrement, un outil d’aide pour le don à l’alimentation animale. Je m’explique, tous les produits que nous n’avons pas réussi à valoriser via le don ou encore via la vente vers les consommateurs, seront donnés à des animaux : parcs animaliers, refuges, etc… Notre objectif est d’éviter au maximum le gaspillage.
D’où naît cette ambition de lutter contre le gaspillage ?
Notre lutte contre le gaspillage naît de 3 facteurs : environnemental, économique et social.
Le gaspillage alimentaire, c’est 8 à 10% des émissions mondiales de carbone, ce qui participe alors au réchauffement climatique et ce n’est pas un mince problème. Lors d’une étude menée en 2014, les Nations Unies affirment qu’1/3 de la production alimentaire mondiale est détruite.
Ce qui a un impact économique significatif, dans le cas de la France, le gaspillage alimentaire coûte 16 milliards d’euros en valeur marchande, selon une étude de L’ADEME en 2016.
Et puis tout cela a un enjeu social avec la problématique d’aide alimentaire en France. Beaucoup de personnes n’ont pas accès à une alimentation régulière et de qualité, cela représentait 3 millions de Français il y a 10 ans et aujourd’hui ce chiffre est passé à 7 millions. C’est donc un problème structurel de la précarité en France, qui fait que les associations sont débordées de demandes.
Bien-sûr, sur les 7 millions de personnes, tous ne se rendent pas à la banque alimentaire tous les jours mais cela peut être des personnes qui y vont au moins 1 fois dans l’année.
Aujourd’hui, 1 français sur 10 est en situation de précarité alimentaire et pour un pays si riche, c’est quand même un vrai questionnement. Le problème du gaspillage alimentaire est tel qu’il pourrait permettre de nourrir correctement ces 7 millions de personnes.
Donc l’idée de Phenix est de permettre à ce problème de gaspillage alimentaire d’être une chance pour les plus précaires d’accéder à une bonne alimentation.
Aujourd’hui, quelles actions mettez-vous en place pour justement lutter contre le gaspillage ?
Nous tentons de lutter contre ce gaspillage grâce à notre application Phenix pour le consommateur, en lui permettant d’acheter à petit prix les invendus des commerçants. Ce modèle des applis anti-gaspi a fait son apparition dans le quotidien des Français sur leur smartphone et puis ailleurs au Canada ou encore aux États-Unis par exemple.
Il y a ce nouveau mode de consommation qui consiste à acheter des paniers surprises via l’application pour valoriser les invendus des commerces de quartier ou des distributeurs/ grossistes. L’idée est de trouver à prix réduit des produits à date courte, Cela permet dans un premier temps d’éviter de la perte au commerçant et dans un second temps au consommateur de faire une bonne affaire en même temps qu’une bonne action.
La vente de produits en dates courtes est aussi quelque chose que l’on fait avec les magasins à qui nous vendons des bacs anti-gaspi à mettre sur surface de vente avec des zones dédiées théâtralisées. Par ailleurs, nous leur proposons une aide à la décision, pour que la gestion soit saine.
Ensuite, nous faisons l’intermédiaire entre les associations d’aide alimentaire et les donateurs pour essayer de les faire donner plus et les faire donner mieux.
Enfin nous avons un outil de don pour l’alimentation animale, pour des produits qui sont par exemple interdits aux dons, refusés par les associations, ou encore qui ne peuvent pas être vendus aux consommateurs pour des questions d’aspect.
En passant par Phenix, les commerces et magasins vont réussir à valoriser quasiment tous les produits et ainsi à quasiment éviter complètement le gaspillage.
C’est ça la promesse que l’on est capable de réaliser et ça nous pouvons le faire car nous avons plusieurs solutions. Un acteur qui n’a qu’une solution à proposer ne peut pas arriver à des taux de revalorisation très élevés, c’est la complémentarité entre les solutions qui permet d’arriver à quasiment 0 déchets.
Comment se passe le partenariat avec les entreprises chez lesquelles vous récupérez des denrées alimentaires ?
Les entreprises avec lesquelles nous travaillons sont des entreprises de l’agroalimentaire ou du non alimentaire comme Pierre Fabre ou Sephora sur du don de produits cosmétiques. Lorsque l’on pratique le don ce qu’on va faire c’est que nous allons travailler sur des problématiques spécifiques qui consistent à valoriser les produits qui ne sont pas déjà valorisés.
Parfois les entreprises rencontrent des difficultés à trouver les associations pouvant récupérer ces produits là ou elles ne trouvent pas la bonne organisation pour le faire.
Pour optimiser l’aspect logistique, on va faire du management de l’organisation pour définir à quelle date nous sortons les produits. Par exemple, sur le cas d’un hypermarché, 3 associations peuvent passer dans la même journée : une qui prend seulement les produits secs parce qu’elle n’a pas la logistique pour stocker le frais, une qui prend une partie des produits frais, etc…
On va donc optimiser le don qui souvent est déjà pratiqué, en trouvant d’autres associations pour compléter. Nous travaillons souvent sur les problématiques de produits spécifiques qui n’étaient jusqu’ici pas donnés en essayant de créer les conditions pour pouvoir les donner.
Nous formons pour cela régulièrement les équipes pour qu’il n’y ait pas de dons de mauvaise qualité parce qu’il y a parfois des magasins qui donnent des produits interdits aux dons, des produits à dates dépassées. Le but n’est pas juste de donner de la quantité aux associations mais aussi leur donner des produits de la meilleure qualité possible en faisant en sorte qu’il n’y ait pas de gaspillage par la suite. Une association à 50 convives qui reçoit des produits pour 70 convives, c’est du gaspillage derrière et c’est dommage.
En chiffres Phenix ça donne quoi ?
Aujourd’hui nous sommes sur un rythme où l’on devrait sauver facilement plus de 70 000 000 de repas sur l’année qui vient, entre le 1er janvier et le 31 décembre. Ce chiffre est significatif sachant que la plupart de ces repas sont donnés à des associations d’aide alimentaire.
Autrement dit, 70 000 000 repas sauvés de la poubelle en 2023
À côté de ça, nous exportons notre savoir-faire, nous sommes présents dans d’autres pays et il y a beaucoup à faire, le gaspillage n’a pas de frontières, il est commun à tous les pays. Phenix c’est : près de 200 collaborateurs, une vingtaine de bureaux partout en France, plus de 3000 partenaires associatifs – qui ne sont pas que les Restos du Cœur et les banques alimentaires, nous avons également des partenaires avec plein de petites associations locales reconnues d’intérêt général habilité à l’aide alimentaire -.
Nous souhaitons par ailleurs, redonner du pouvoir d’achat au consommateur puisque qu’avec la vente de courses sur les surfaces de vente avec les bacs de stickage ou encore la vente via l’appli Phenix au consommateur nous permettons finalement de faire ses courses pour moins cher et nous sommes aujourd’hui dans une problématique inflationniste qui est bien connue.
Quels sont vos objectifs avec Phenix ? Qu’espérez-vous pour le futur ?
L’objectif que nous nous sommes fixés, d’ici à peu près 4 ans, est de sauver 1 milliard d’euros. On se dit que l’on aura sauvé un milliard de repas depuis notre création, donc de continuer à croître.
Nous essayons de travailler de plus en plus avec des grossistes pour récupérer du non alimentaire, parce que la loi de 2020 interdit la destruction des produits non alimentaires c’est pour cela que l’on travaille avec de gros industriels de la cosmétique ou encore de l’hygiène, pour le don de shampoings, de gels douche, de couches, etc…
Par ailleurs, notre souhait est de nous développer à l’international : Nous sommes très bien implantés et avons de très bons résultats en Espagne et au Portugal, on se lancera peut-être aussi dans d’autres pays dans les années à venir en fonction de la conjoncture.
Voilà les horizons pour Phenix !