L’homophobie au travail, un problème toujours actuel
Discrimination liée à l’orientation sexuelle, l’homophobie fait encore aujourd’hui partie du quotidien de bon nombre de personnes. Insultes, menaces et dévalorisation, voilà ce à quoi sont confrontés les discriminés. Il existe cependant des moyens pour essayer de faire changer les choses.
L’homophobie, qu’est-ce que c’est ?
Le terme homophobie est apparu en 1971 avec l’article du psychologue Kenneth Smith. Intitulé Homophobia : a tentative personality profile, cet essai tente de d’analyser les traits de la personnalité homophobe. Un premier pas vers la reconnaissance de ce comportement discriminant.
En France, le mot n’apparaît qu’en 1998 dans le dictionnaire de langue française. Aujourd’hui, le terme homophobie désigne plus largement le mépris, le rejet, l’exclusion et/ou la haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles. Dans le cadre professionnel, ces comportements intolérants peuvent aller jusqu’à la dévalorisation face aux droits du salarié discriminé.
Quand homophobie rime avec violence
En 2020, l’association L’Autre Cercle, en collaboration avec l’Institut Ifop, sort une étude sur les discriminations LGBTphobes dans le cadre professionnel. Il en ressort un chiffre frappant : une personne sondée sur quatre affirme avoir été au moins une fois victime d’agression sur son lieu de travail. Pour 10% d’entre eux, ces agressions sont physiques ou sexuelles.
Un constat marquant tant il met en lumière le problème. L’homophobie ne se limite plus seulement à l’exclusion, elle peut passer le cap de l’intégrité physique. Cette statistique prend une tout autre dimension quand elle est couplée au résultat suivant : 53% des sondés avouent avoir déjà eu des pensées suicidaires.
Cacher son orientation sexuelle pour se protéger
L’étude de L’Autre Cercle révèle également un chiffre significatif de la situation d’exclusion dans laquelle se retrouve la communauté Lesbienne Gay Bi Trans (LGBT+) au travail. Un sondé sur deux avoue cacher son orientation sexuelle sur son lieu de travail. La volonté de dissimulation des discriminés est révélateur du sentiment de rejet pouvant être ressenti.
Le problème d’exclusion des personnes LGBT+ n’est donc plus uniquement externe et provoqué par l’entourage professionnel. Il provient également des discriminés eux-mêmes, s’excluant volontairement du partage de la vie sociale propre aux relations de travail par peur d’être rejetés. Les fameux potins à la machine à café se résument alors seulement à écouter sa collègue parler de son weekend dans la Drôme avec son mari.
Cette exclusion volontaire ne pose pas seulement un problème social. Au-delà de la dimension de protection vis-à-vis des autres employés, le salarié discriminé se protège face à sa direction. Dès l’embauche, dissimuler, ou du moins éviter de parler de son orientation sexuelle apparaît comme un atout pour décrocher le poste. Ce cheminement se poursuit également au cours du contrat. Entre refus de promotion et inégalités salariales, les discriminés peuvent être dévalorisés par leur coming-out.
Les actions mises en place pour sécuriser le discriminé
La personne discriminée peut trouver une première protection d’un point de vue légal. L’homophobie est considérée par le Code du Travail comme l’un des douze motifs de discrimination reconnus par la loi. Concrètement, l’employeur se retrouve alors obligé de prendre des mesures nécessaires pour assurer la sécurité, protéger la santé mentale et physique de ses salariés sur ce plan.
Au-delà des obligations de l’employeur, le salarié auteur de comportements homophobes peut être condamné pour ses actes. Ainsi, il encourt trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Cette peine maximale n’inclut pas les dommages et intérêts, que le fautif pourra verser à la victime si elle décide de se porter partie civile au procès.
La loi n’est pas la seule à agir contre l’homophobie. L’association L’Autre Cercle a elle aussi décidé de prendre les choses en main. En 2013, elle publie la Carte de l’engagement LBTQ+. Elle permet de donner un cadre concret incluant la thématique d’orientation sexuelle et de genre aux entreprises signataires. Elle marque clairement l’engagement de celles-ci.
La Charte comptait au 31 décembre 2021, 174 signataires. Parmi eux, de grosses entreprises comme Google France, TF1 et Starbucks. En plus de ces structures, le document compte également des collectivités ou des organes d’Etat dans ses engagés. Le Ministère du Travail ou encore la ville de Strasbourg ont eux aussi signé.
Que faire si vous êtes victime ou témoin de discrimination homophobe ?
La banalisation des actes homophobes au sein des entreprises ne permet pas de faire évoluer les mentalités. Pour cela, il faut savoir comment réagir. Si vous êtes témoins de comportements discriminants, rapprochez-vous de votre service ressources humaines (RH).
Si vous êtes victime, parlez-en. Rester isolé n’est pas une solution. Faire remonter les faits au sein de votre entreprise peut vous paraître délicat. Collègues, service RH, et représentants du personnel sont cependant susceptibles de pouvoir vous aider.
En externe, vous n’êtes pas seuls non plus. Médecine du travail, inspection du travail, prud’hommes, syndicats associations LGBT+ et défenseur des droits sont à l’écoute et spécialisés dans ces situations. Vous pouvez aussi décider de porter plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie. Cette solution plus directe peut permettre la condamnation factuelle de ces actes. SOS homophobie a également mis en place une ligne d’écoute anonyme et un chat’écoute.
A l’heure où l’ouverture d’esprit est mise en avant, certains droits semblent acquis. Il ne faut cependant pas se reposer sur les bases d’une vision erronée de l’évolution des discriminations. L’homophobie au travail reste présente, d’autant plus dans les milieux dit masculins. La solution pour faire changer les choses reste encore d’en parler, d’informer et d’éduquer.