Créée en 2017, l’association Becomtech initie les filles et jeunes femmes aux métiers du numérique, notamment en intervenant dans les collèges et lycées, et à travers des programmes d’accompagnement spécifique. Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Dorothée Roch, co-fondatrice et directrice de l’association.
Comment est née votre association, et quels sont ses objectifs ?
L’objectif de BECOMTECH est d’œuvrer pour qu’il y ait plus de mixité dans l’informatique et le numérique, à travers des programmes qui sont dédiés aux adolescentes. J’ai cofondé cette association avec deux autres personnes en 2017. Nous sommes présents en Île-de-France mais aussi en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Pays de la Loire, et nous envisageons également un développement territorial dans le sud, l’année prochaine.
Quelles actions menez-vous ?
Nous avons deux programmes principaux, « JUMP IN TECH » et « AMBASSADRICES BECOMTECH », qui sont dédiés aux filles et aux femmes. Ils sont complètement gratuits et ont vocation à amener des opportunités à celles qui en ont le moins. C’est pourquoi nous sommes présents dans les quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville, ainsi que dans des établissements scolaires « REP » et « REP+ ». Avec « JUMP IN TECH », nous faisons des sensibilisations, nous intervenons dans les collèges et lycées, en classe de troisième et de seconde principalement, à travers des sessions d’une heure destinées aux élèves. Nous leur parlons des sujets d’égalité, de mixité, et notamment de non-mixité, ou de sous-représentation des filles et des femmes dans les filières scientifiques et techniques, en particulier l’informatique. Et à la fin, nous leur proposons de participer à ce qu’on appelle notre programme intensif d’été. Donc « JUMP IN TECH», c’est quatre semaines pendant lesquelles les filles vont mettre les mains dans le cambouis, et développer leurs compétences informatiques et numériques. Nous organisons cela dans des lieux inspirants, comme des tiers lieux du numérique, des écoles d’informatique, et cetera. L’idée, c’est qu’elles sortent du cadre de l’établissement scolaire, qu’elles connaissent déjà bien.
Par quels moyens passe votre travail de sensibilisation ?
L’objectif, à travers les sensibilisations, c’est de leur faire connaître ces sujets et ces enjeux. Les filles méconnaissent, au même titre que les garçons, les métiers du numérique, les opportunités qui existent, et la diversité des secteurs dans lesquels les compétences numériques sont valorisées. Mais ce n’est pas suffisant, car il y a toujours des stéréotypes et des représentations, mais aussi la façon dont les familles, les enseignants, leurs pairs, vont envisager le numérique, et souvent décourager et freiner leur orientation. Le programme « JUMP IN TECH » leur permet de constater dans l’action, avec des pédagogies actives, en montant leurs propres projets, qu’elles sont tout à fait capables de se saisir de ces compétences là, et qu’elles peuvent aimer ça. Et à la suite du programme « Jump In Tech », beaucoup d’entre elles souhaitent intégrer le numérique dans leur choix d’orientation. Et là, on n’est plus dans la problématique d’être au courant et de se sentir capable. La question est plutôt de savoir comment est-ce qu’on va les accompagner à long terme, pour que ce choix puisse se réaliser, parce qu’elles font face à des difficultés du fait d’être des filles. Ces difficultés, c’est par exemple le fait qu’elles soient deux par classe, qu’elles soient mises à l’écart de groupes de travail, qu’elles subissent des discriminations ou qu’elles soient découragées.
Au-delà de la durée du programme, comment accompagnez vous les filles vers le numérique ?
À la fin des quatre semaines du programme « JUMP IN TECH », nous les accompagnons sur le long terme via la communauté des Ambassadrices BECOMTECH. Ce sont des filles qui sont passées par le programme et qui décident de continuer à se former, à découvrir, à rencontrer des entreprises, des professionnels, mais aussi à s’engager pour l’accessibilité du numérique, à travers des actions qui vont être destinées à sensibiliser d’autres élèves. Elles vont prendre la parole en public et transmettre leurs compétences, et vont donc être actrices de ce changement vers plus de mixité.
L’accompagnement peut-il ensuite durer plusieurs années ?
Exactement, il n’y a pas de fin, c’est totalement à la carte. Autant « JUMP IN TECH » est très structuré, c’est cent heures du lundi au vendredi toute la journée, autant le programme « Ambassadrices » c’est vraiment leurs initiatives. Par exemple, une initiative d’Ambassadrices soutenue par l’association, récemment, c’est la création d’un podcast intitulé « Suis ta voix », qu’on peut retrouver sur toutes les plate-formes. Elles y prennent la parole, au titre de leur genre, de leur intérêt pour le numérique, sur des sujets qui les concernent. Notre travail, c’est aussi un travail d’émancipation par le numérique. Et finalement, il y a des filles qui se trouvent des capacités nouvelles, à la suite de ce programme, pour aller aussi dans des secteurs qui ne sont pas liés au numérique.