Nous avons pu partir à la rencontre d’Auréline Roume, accompagnatrice socio-professionnelle chez la Conciergerie Solidaire, une entreprise d’insertion !
Chaque jour, elle accompagne des personnes éloignées de l’emploi en travaillant avec eux sur leurs projets d’avenir et ainsi les projeter dans le monde du travail en leur proposant un poste de concierge au sein de la Conciergerie Solidaire.
Un beau geste de solidaire qu’elle n’hésite pas à utiliser sans modération !
Pouvez-vous présenter l’entreprise pour laquelle vous travaillez ?
La Conciergerie solidaire est une entreprise d’insertion, dont le siège est à Bordeaux. Nous nous sommes également développés sur tout le territoire, nous possédons des filiales à Bordeaux, Lille, Toulouse, Lyon, en île de France, Strasbourg
Nous avons aussi des affiliés dans plusieurs grandes villes et proposons des services de conciergerie principalement pour des salariés d’entreprise, mais ça peut être aussi pour des usagers citoyens, seniors, personnes qui travaillent sur des chantiers… Nous développons notre activité autour du rôle de facilitateur de la vie au travail, dans les quartiers et auprès de publics spécifiques.
Vous engagez des personnes en insertion, c’est bien ça ?
Je vais parler de la filiale de Bordeaux pour laquelle je travaille, car certaines filiales accompagnent également des personnes en situation de handicap.
Les personnes qui exercent le métier de concierge, possèdent un CDDI, un contrat à durée indéterminée d’insertion et bénéficient de ce que l’on appelle un « PASS IAE », valable pendant deux ans. Ce PASS permet durant sa validité de travailler au sein d’une structure d’insertion par l’activité économique à travers des contrats successifs.
Cela leur permet, à la fois, d’avoir un travail, d’être rémunéré et d’avoir un accompagnement social et professionnel afin que de bénéficier d’un encadrement technique pour développer leurs compétences.
Pouvez-vous nous parler plus en détail du métier d’accompagnatrice socio professionnelle, ce que vous faites dans une journée type par exemple ?
J’ai la fonction d’ASP, mais ma formation c’est psychologue du travail : à la Conciergerie solidaire il faut savoir que nos salariés ont 1 h d’accompagnement socio-professionnel par semaine identifiée dans leur planning de travail. Cette heure-là, ils l’utilisent pour répondre à des démarches sociales ou pour avancer dans leur projet professionnel.
Mon accompagnement peut être social par exemple, sur de la gestion budgétaire ou des demandes d’accès au logement. Le but étant de lever les freins périphériques qui pourraient empêcher l’avancée du projet professionnel.
L’heure d’accompagnement peut être utilisé pour avancer dans ces démarches et peut être aussi un point d’écoute. L’objectif est d’avoir une écoute attentive, parfois pour des problèmes familiaux, des problèmes liés à la perte d’un proche, à la fatigue par rapport au travail, au contexte économique…
Concernant le projet professionnel, l’objectif est d’aider les salariés en parcours sur leur reconversion ou la dynamisation d’un projet déjà identifié.
Une grande majorité de salariés en insertion souhaitent s’orienter vers des postes d’agents d’accueil, d’agents administratifs ou de chauffeurs-livreurs car ce sont des métiers avec des compétences transférables au poste de concierge.
Par ailleurs, l’ensemble des compétences développées durant le parcours permet de valoriser de futures candidatures et de pouvoir mettre en avant une expérience significative.
Au cours, de leur passage au sein de la Conciergerie Solidaire, les salariés en insertion vont pouvoir être mis en relation avec des partenaires locaux comme des recruteurs d’entreprises, des structures qui accompagnent à l’entrepreneuriat ou encore des experts sur des thématiques spécifiques (banque, addictions, droit social…).
Depuis 2020, nous développons ces partenariats au profit de l’insertion et nous collaborons par ailleurs avec un cabinet de recrutement qui propose des « entretiens solidaires » pour préparer au mieux à cet exercice les personnes prêtent à activer leur candidature.
D’un point de vue social, l’orientation vers des structures ou des professionnels adaptés est essentielle. J’ai beau être psychologue, je ne suis pas « leur psychologue ». Il y a des besoins d’accompagnement auxquels on ne peut répondre en interne.
Une fois par mois, nous organisons des ateliers collectifs, qui sont animés par moi ou par des intervenants extérieurs. Les thématiques varient en fonction des demandes ou des collaborations mises en place.
Une autre partie de mon travail consiste à développer les liens territoriaux, pour diffuser auprès de prescripteur nos besoins en recrutements et la pertinence de notre dispositif d’accompagnement, mais aussi pour identifier des partenaires et connaître le marché de l’emploi.
Dans cette optique, l’année dernière, nous avons pu organiser quatre jobs dating, l’intérêt est que nos salariés puissent en partie participer mais avoir aussi des contacts d’entreprises.
Ces derniers temps, nous avons pas mal de turnover, c’est plutôt bon signe.
Qu’est-ce que vous aimez dans ce métier-là ?
Je dirais la polyvalence parce que je ne fais pas que de l’individuel, il y a le collectif et les liens avec les acteurs du territoire, les journées ne se ressemblent vraiment pas.
Je trouve que c’est un métier qui nécessite d’être formé assez régulièrement, pour vous donner un exemple, quand je suis allée au tribunal la semaine dernière, c’était la première fois de ma vie. J’ai trouvé ça intéressant parce qu’heureusement je n’ai pas besoin de m’y rendre tous les jours, c’est un accompagnement de terrain et c’est enrichissant.
Cela étant, il y a tout ce travail de veille législative parce qu’il y a des choses qui évoluent constamment. Il faut toujours chercher de nouvelles collaborations, essayer d’innover au niveau de l’accompagnement individuel car cela ne marche pas de la même manière pour tout le monde.
J’ai la chance d’avoir beaucoup d’autonomie dans ma structure parce qu’au niveau de mon planning ça bouge parfois du jour au lendemain. Je m’organise alors comme je veux et parfois comme je peux. Il n’y a pas cette pression que l’on peut avoir peut-être dans d’autres métiers avec l’atteinte d’objectif.
J’ai des objectifs par rapport au taux de sorties que l’on doit atteindre mais j’ai la conscience que ça ne dépend pas que de moi. C’est-à-dire, il y a la personne que l’on accompagne, mais il y a aussi tout un contexte qui fait qu’on aura beau mettre en œuvre, ça ne fonctionnera pas malheureusement.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler pour la Conciergerie Solidaire ?
J’y travaille depuis le mois de juin 2020, avant j’étais à mon compte en tant que psychologue du travail. Le COVID m’a donné envie de retrouver une équipe ainsi qu’un accompagnement plus pérenne.
Il faut savoir qu’à Bordeaux La Conciergerie Solidaire est sur un site de tiers-lieu qui s’appelle Darwin ; c’est un lieu plutôt sympathique, connu des Bordelais. C’est un cadre de travail qui est facilitant où il y a vraiment un engagement de la part des personnes y travaillant, pour son impact social, écologique, proche des valeurs qui nous sont propres.
De plus, la Conciergerie Solidaire prône des valeurs de bienveillance, de confiance aux personnes qui y travaillent, cela donne vraiment envie de s’investir.
Qu’est ce que vous recommanderiez à une personne qui veut se lancer dans cette voie ?
De faire attention à la prise de distance. J’ai certains de mes collègues de travail qui me disent : « Mais je ne sais pas comment tu fais pour connaître toutes les difficultés de toutes ces personnes », surtout dans le contexte de l’économie actuelle, la retraite ou encore l’inflation autant vous dire que les personnes qui sont en insertion y sont encore plus confronté.e.s.
J’ai certaines personnes qui se mettent parfois à pleurer lors de nos entretiens. C’est alors parfois difficile lorsque l’on n’a pas de solution immédiate et qu’on a connaissance de ce mal-être. L’essentiel est d’arriver à mettre en place et proposer des choses, je rentre chez moi en me disant que j’ai fait mon maximum.
Il faut aussi continuer à se former, car chaque accompagnement nécessite parfois une connaissance assez spécifique.
Une dernière partie que je pense primordiale, est d’arriver à créer des liens pour pouvoir établir la confiance, car sans confiance nous n’avons pas toutes les informations et les aider devient compliqué.
Avez-vous une anecdote à nous confier ?
Ce n’est pas vraiment une anecdote mais un accompagnement réellement réussi. Lorsque je suis arrivée en 2020, nous avons également intégrer deux salariées en parcours d’insertion sur la même période.
Aujourd’hui, elles sont toutes les deux en CDI. L’une d’elle avait particulièrement besoin de reprendre confiance en elle et était en recherche active d’un logement. Aujourd’hui à 60 ans après un premier poste en tant qu’agent d’accueil, elle est assistante de direction et à trouver un logement pendant son parcours chez nous.
Elle m’a invité au restaurant la semaine dernière et à tenue à payer la note. C’est un plaisir de voir ce que les personnes que nous avons accompagné deviennent.