Entreprendre pour l’inclusion des sourds

Nathalie Petitjean : « cela permet de casser les préjugés »

 

À Caen, Nathalie Petitjean a lancé son entreprise, « Un signe suffit », dédiée à l’apprentissage du vocabulaire et des bases de la langue des signes française (LSF). Sensibilisée au sujet par son expérience personnelle, elle utilise la communication gestuelle adaptée. Celle-ci est propice à un apprentissage dès le plus jeune âge, et permet aux entendants d’acquérir les bases pour communiquer avec les Sourds et les personnes ayant des troubles du langage. Rencontre avec une entrepreneuse résolue à apporter sa part de progrès.

 

Quel est le parcours qui vous a menée à créer « Un signe suffit » ?

 

J’ai lancé ce projet il y a environ deux ans, pendant mon apprentissage de la langue des signes française. Je l’ai apprise parce que je suis parent d’un proche handicapé qui ne parle pas. Au départ, j’ai voulu apprendre la langue des signes française pour instaurer avec lui une communication alternative. J’ai alors été immergée dans la communauté sourde pendant plus d’un an et demi, et j’ai vraiment été choquée par les difficultés rencontrées par les sourds au quotidien. Je n’en avais aucune conscience avant, et j’ai pu m’apercevoir qu’ils étaient constamment obligés de s’adapter aux entendants. Et qu’à l’inverse, il y avait très peu d’efforts faits pour eux. Par exemple, avec le covid, il y avait des gens qui cherchaient par tous les moyens possibles à inventer un nouveau « bonjour » respectant les gestes barrière, et ça ne leur venait même pas à l’esprit qu’il y a le « bonjour » en LSF qui existe. Cela aurait été respectueux pour la langue des signes, pour les sourds, qui sont des citoyens présents dans la communauté. Par ailleurs, le fait d’être confrontée à ce handicap au quotidien m’a donné envie de créer « Un signe suffit ».

 

« il y a beaucoup de familles qui sont isolées, 

et à qui j’apporte une communication alternative par les signes »

 

Quels types d’interventions réalisez vous ? 

 

J’interviens auprès des familles dans une situation avec un proche handicapé. Et avoir accès aux formations, c’est difficile et souvent très onéreux. Dans les structures médico-sociales, il y a des communications alternatives qui sont mises en place, mais elles ne sont pas amenées vers les familles. Par exemple, on apprend à un enfant à parler avec des signes pendant qu’il est dans la structure, mais une fois qu’il arrive à la maison il n’y a plus rien qui est fait. Les parents n’ont pas forcément le temps non plus, donc il y a beaucoup de familles qui sont isolées, et à qui j’apporte une communication alternative par les signes.

 

En quoi consiste cette communication gestuelle associée à la parole (CGAP) ?

 

Pour les enfants entendants qui ne parlent pas, j’apporte une communication alternative. Elle est très différente de la LSF puisqu’on utilise les signes, mais en suivant la syntaxe française. On signe et on parle en même temps, puisque l’enfant n’est pas sourd. Le signe se substitue au mot. Il y a beaucoup de communications alternatives qui sont mises en place, on peut avoir les pictogrammes, les photos, on peut avoir du multimodal, il y a des personnes qui se servent de plusieurs supports. Le signe peut venir en renfort, soit d’une méthode déjà mise en place, soit seul. Et quand on l’utilise seul, c’est direct et sans support. Je me déplace chez les particuliers et dans des structures médico-sociales. Dans ces dernières, en général, la communication alternative est déjà mise en place, mais bien souvent, le personnel manque cruellement de vocabulaire. Je mets en place la communication gestuelle associée à la parole (CGAP) si elle n’est pas en place – mais c’est rare – et si elle est en place, je fais des heures d’atelier où l’on travaille sur un vocabulaire par thèmes. Et là j’apporte les signes au personnel, pour qu’ils puissent les reproduire auprès des enfants.

 

« je facilite le fait le public sourd soit mieux accueilli »

 

Donnez vous également des cours de LSF ?

 

Je me déplace en entreprise, dans les administrations, dans les écoles, et aussi chez les particuliers, pour initier à la langue des signes française. J’y apporte les bases de la LSF, sur un niveau débutant. Mais c’est déjà un pas énorme pour la communauté sourde, parce que je facilite le fait le public sourd soit mieux accueilli. Ainsi, le personnel est au moins capable d’ajouter les formules de politesse, d’apporter des notions de temps, de signer certains éléments dans une conversation, et d’avoir des échanges plus fluides et plus simples. Cela permet aussi d’informer, de casser les préjugés, et d’éveiller à la curiosité, notamment lorsque je réalise des sensibilisations dans les écoles. J’explique aux enfants ce qu’est la langue des signes française, à travers de petites animations. Par exemple, on travaille sur les animaux ou sur les repas, et je vais faire mimer les enfants. Il faut que ce soit ludique pour eux.

C’est un petit pas en avant. Le but est d’éveiller les entendants, de leur faire prendre conscience qu’il y a une communauté des sourds qui existe, car il y a un manque cruel d’accessibilité et d’information. Cela amène au déni, à la crainte, et à plein de choses assez dramatiques. Ma démarche est inclusive dans le sens où c’est pour informer, expliquer et initier. Et chez les participants, il y a un engouement qui me surprend, ils sont vraiment très motivés et contents de pouvoir se dire « tiens, je sais au moins me présenter en langue des signes française, je sais accueillir ».

 

Dans quel domaine travaillent les personnes que vous formez ?

 

J’ai beaucoup de publics qui accueillent du public sourd, le personnel d’accueil et administratif, par exemple. Ou des métiers comme la police municipale, qui va régulièrement sur le terrain, et qui est parfois confrontée à rencontrer une personne sourde, et complètement bloquée pour communiquer avec elle. 

 

Recevez vous également des demandes émanant d’entreprises privées qui n’ont pas d’activité en relation avec le public ?

 

Cela peut arriver, mais c’est parce qu’il va y avoir du personnel sourd ou malentendant, et le but est de simplifier les échanges entre collègues.

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