De plus en plus de jeunes mères dans le besoin ne savent plus comment joindre les deux bouts et ce depuis la crise du Covid.
C’est à ce moment que l’association MaMaMa voit le jour et naît de la constatation faite par les fondatrices : Magali, Marielle, Marguerite et Aïcha
Elles viennent alors en aide à ces femmes en leur créant un espace où elles se sentent bien et où la solidarité est le moteur de leurs actions !
MaMaMa leur permettent d’obtenir généreusement des denrées alimentaires, des jeux, des jouets pour elles et leurs bébés.
L’aventure ne s’arrête pas que là et des projets futurs qui leur tiennent à cœur vont pouvoir se réaliser grâce aux nombreux dons qu’elles reçoivent chaque jour !
L’histoire écrite par MaMaMa ne fait que commencer !
Pouvez-vous vous présenter ?
Moi c’est Sara je suis à l’association MaMaMa en service civique depuis le mois de septembre et je compte rester à l’association une fois mon service civique terminé.
Pouvez-vous nous parler de la création de MaMaMa ?
MaMaMa est une association créée en mai 2020 par nos 4 cofondatrices : Magali, Marielle, Marguerite et Aïcha d’où le nom MaMaMa qui se compose des initiales des 4 co-fondatrices dont le dernier A de Ma est Aïcha.
Au départ, elles étaient bénévoles au sein d’une cellule appelée COVIDUM. C’est une cellule téléphonique des hôpitaux qui consistait pendant la période du premier confinement à rassurer les gens ayant des questions sur le COVID. Les gens avaient peur, on ne connaissait vraiment pas grand-chose sur tout ça on se posait beaucoup de questions.
Elles se sont alors rendu compte au fur et à mesure, qu’il y avait énormément de personnes qui appelaient pour des raisons tout autre que le COVID. De nombreuses femmes avec des enfants en bas âge et complètement démunies appelaient tout simplement à l’aide.
Les 4 cofondatrices ont alors commencé à chercher des solutions sur comment elles pouvaient les orienter. À la suite de ça, elles se sont rendu compte qu’il n’y avait presque aucune association qui pouvait répondre à leurs besoins.
C’est ainsi qu’elles ont commencé à faire des collectes en supermarché et à les distribuer ensuite dans les hôtels sociaux où beaucoup de familles sont hébergées.
Dans un premier temps, nous avons pu obtenir un don de 13 tonnes de petits pots Blédina. Toutefois, 13 tonnes c’est beaucoup de palettes et on ne peut pas les stocker dans une maison. Nous avons pu alors obtenir auprès de la mairie de Saint-Denis, un premier local de 900m². MaMaMa était alors lancée ! C’était il y a tout juste trois ans : le 6 mai 2020. Et depuis nous avons pu venir en aide à plus de 100 000 femmes et enfants dans les 8 départements d’Ile-de-France, ainsi que dans l’Oise mais aussi en Ukraine et en Moldavie où nous avons mené une mission au printemps 2022!
Il y’a-t-il une raison particulière à votre localisation ? Pourquoi Saint-Denis ?
Saint-Denis c’est une ville assez symbolique pour nous parce que c’est une des villes les plus précaires en France avec un taux de mortalité infantile assez élevé.
C’était alors important pour nous de s’installer ici car cela nous permet de nous implanter vraiment dans nos actions associatives où beaucoup de familles sont hébergées : dans le 93. C’est aussi un territoire dynamique ou beaucoup d’initiatives solidaires se croisent et se complètent, ainsi notre localisation nous permet aussi de nous implanter dans un réseau associatif où la solidarité est indispensable.
Par quels moyens aidez-vous ces femmes victimes de violence, de précarité et qui se retrouvent isolées ?
Notre aide se compose de 2 axes importants : la livraison de colis d’urgence composé d’un colis alimentaire pour bébé de 0 à 3 ans dont la composition change en fonction de l’âge, car les bébés ont des besoins très spécifiques.
De plus, nous livrons un colis d’hygiène correspondant aux besoins de la maman et du bébé. Pour le bébé il y a des couches, des lingettes, du gel lavant et pour la maman ça sera tout ce qui est protections menstruelles, shampoing, produits de cosmétique car nous pensons que c’est indispensable pour l’estime de soi.
Sans oublier les jouets essentiels au bon développement psychomoteur du bébé permettant de stimuler et de divertir les enfants. On livre aussi du matériel de puériculture à la demande de la maman.
Notre deuxième axe : la lutte contre l’isolement social, c’est à dire que pour sortir de ce gouffre, il y a les besoins matériels spécifiques mais aussi le lien social. Les familles qui viennent à l’association sont suivies sur le long terme. Elles viennent une fois par mois pour obtenir leur colis et nous leur assurons une stabilité sociale. Des liens sont alors créés avec les autres bénéficiaires ou avec nous-même.
En créant ce lien, on essaye de les sortir de leur isolement dont beaucoup font face. De plus, nous avons mis en place un système de rendez-vous très original entre une maman et une bénévole accueillante dont le créneau horaire dure en moyenne 45min. Instaurer une cellule sécurisante pour la maman est important pour qu’elle puisse se sentir à l’aise.
Pour aller plus loin, nous pratiquons également du bénévolat inclusif où certaines bénéficiaires qui sont aujourd’hui bénévoles viennent quasi quotidiennement à l’association car elles se sentent utiles.
Hors de l’association, nous organisons des sorties culturelles dont des visites de musée.
Comment vous organisez-vous ?
Nous avons un énorme entrepôt de 1500 m² où l’on stock tous les dons.
Concernant notre fonctionnement logistique, tous les produits que l’on reçoit arrivent dans l’entrepôt mais sont vite épuisés. Pour cela, dès qu’on reçoit de l’alimentaire pour bébé on en fait des colis qui sont ensuite mis en distribution pour respecter les dates de péremption. Du côté des biberons, des jouets et des vêtements cela part également très vite car environ une vingtaine de familles sont accueillies par jour ce qui équivaut à près de 40 colis par jour.
Les dons qui arrivent à l’association sont principalement des dons d’entreprise, des partenariats ou bien de particuliers. Ils sont alors à chaque fois pesés, triés et divisés dans les différentes parties de l’entrepôt et enfin distribués.
“Sauvez-Mamama”, de quels événements naît ce mouvement ?
La mairie de Saint-Denis et la SEM Plaine Commune Développement ont lancé une procédure d’expulsion pour récupérer le local car de base c’est la SEM qui en est propriétaire et le maire actuel de Saint-Denis est un des administrateurs de cette SEM. A la suite de plusieurs promesses de pérennisation de notre local, ils nous ont demandé du jour au lendemain de payer un loyer de 18 000€ par mois ce qui était complètement impossible pour nous parce que nous ne fonctionnons qu’avec des dons et des subventions fléchées sur des projets précis. Dans le même temps, des proches du maire qui avaient participé à sa campagne occupaient une partie de notre local sans être signataires des conventions d’occupation. Ils nous intimidaient, harcelaient l’équipe et dégradaient du matériel de MaMaMa… C’est encore le cas aujourd’hui puisqu’ils ont toujours accès au local.
Pour nous, la demande de loyer puis d’expulsion sont intimement liées à ces intimidations.
De plus, étant une association depuis seulement 3 ans, il n’est pas possible pour nous de payer une telle somme. Nous étions donc contraints de refuser mais en même temps il était impossible de laisser derrière tout notre stockage ainsi que près de 730 bénéficiaires.
À partir de là, une procédure d’expulsion a été lancée par la mairie et nous avons été assignées devant la justice en janvier 2023. C’étaient des moments très stressants pour nous car nous ne pouvions pas stopper nos activités.
De ce fait, le mouvement « #sauvez MaMaMa » voit le jour. #SauvezMaMaMa est un appel à l’aide. Il nous a permis d’avoir de nombreux soutiens d’associations de terrain et d’associations féministes notamment. Également, sauvez MaMaMa est un moyen pour nous de montrer que nos actions sont indispensables pour des centaines de familles, et de mettre l’accent sur la nécessité de l’aide maternelle et infantile en Ile de France
À la suite de notre passage devant la justice en janvier, il y a eu 1 mois de délibération et nous avons appris que nous pouvions continuer d’occuper le local gratuitement pendant 1 an. Nous cherchons donc très activement un nouveau local pour accueillir nos activités et développer tous nos projets.
Ces problèmes avec la justice vous empêchent-ils de mener vos actions auprès de ces femmes dans le besoin ?
Absolument pas ! Nous, notre champ d’œuvre et notre valeur principale c’est de ne pas stopper. Nous avons quelques activités évidemment qui ont été retardées comme notre production de petits pots signée MaMaMa, respectueux de la planète et de la santé des bébés. Ce qui nous permet d’embaucher des bénéficiaires pour venir travailler en chantier d’insertion
Nous ne perdons pas espoir et nous sommes justement en train de reprendre ça, les recettes de ptits pots sont prêtes, nous avons modélisé tout le projet donc nous avons hâte de tout mettre en place !
Quels sont vos projets futurs ? Comment voyez-vous MaMaMa dans les années à venir ?
Nous avons un projet très important pour nous qui tourne autour de l’aide infantile, associative, considérée comme un véritable angle mort dans le milieu solidaire. Bien sûr Paris et l’Île-de-France ne sont pas les seules villes touchées par cette absence d’aide pour les bébés : par exemple une étude de la CAF et de la fondation Break Poverty montre que 300 000 enfants en France vivent dans des foyers qui n’ont pas structurellement les moyens de leur fournir les produits alimentaire et d’hygiène essentiels à leurs besoins… Et encore : ce sont uniquement les foyers recensés par la CAF donc le chiffre est probablement sous-estimé.
Notre rôle va être de sensibiliser par rapport à l’importance que ça à d’inclure l’aide alimentaire infantile dans toutes les aides associatives. Mais aussi de diffuser à l’échelle de l’Île-de-France les produits que l’on a collectés et de les distribuer aux personnes qui en auraient besoin.
Nous voulons également lancer des antennes MaMaMa dans d’autres villes telles que Marseille et Lille où la précarité infantile est élevée.
Nous serions alors la première association d’Europe à faire ça !